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La pandémie du COVID-19 a provoqué une perturbation inédite dans le secteur de la production manufacturière. Toutefois, elle n’a pas changé la dynamique en faveur de l’Industrie 4.0, pour les dirigeants qui ne cessent de chercher de nouvelles stratégies de survie dans un monde en mutation.
Le concept Industrie 4.0 augure une multitude de possibilités, et s’accompagne de nouveaux défis. L’automatisation des échanges de données dans les processus de fabrication, ainsi que la création de l’« usine intelligente » sont loin d’être une réalité dans l’industrie. En d’autres termes, l’industrie du futur reste encore largement une illusion. Même si les technologies numériques révolutionnent les secteurs de l’industrie et de la fabrication, le cheminement vers l’Industrie 4.0 est relativement lent. Les avancées telles que l’intégration des objets physiques et logiciels sont inégales selon les secteurs et, même si certaines entreprises sont en pointe, à l’instar d’Amazon, la majorité n’a pas encore atteint ce stade.
Même s’il n’existe pas de réponse simple pour expliquer la lenteur des progrès, trois obstacles majeurs s’opposent à une réalisation complète de l’Industrie 4.0 :
1. Connectivité
En assurant la collecte et la gestion des données, la connectivité est la colonne vertébrale de l’industrie 4.0. La majorité des données n’est pas exploitée ou l’est uniquement à des fins spécifiques. Une entreprise réellement connectée est capable de traiter efficacement les flux de données entrants et sortants. Les API (Application Programming Interface) permettent de gérer ce patrimoine de données hétérogènes et provenant de sources différentes.
L’absence d’interopérabilité entre des technologies, systèmes et types de données ne favorise pas une utilisation stratégique des données. Sans l’intégration des données issues des équipements et des capteurs, les entreprises ne pourront pas gérer des aspects tels que la surveillance de l’état des actifs, la maintenance prédictive ou la traçabilité, qui sont autant de composantes clés de l’usine intelligente. Pour surmonter cet obstacle, les entreprises ont besoin de plates-formes de pointe, capables de tirer pleinement parti de la valeur des big data de l’usine, au moyen de l’apprentissage automatique, de l’intelligence artificielle et de l’analytique prédictive.
2. Mise en œuvre
Bien trop de systèmes informatiques traditionnels ont des difficultés à stocker, utiliser et gérer la diversité des données exigées par l’Industrie 4.0. Il en résulte une perte de productivité, mais aussi des défis technologiques supplémentaires. Les limites imposées par des systèmes informatiques traditionnels rendent nécessaires la présence de nombreux opérateurs dans les ateliers alors que ces derniers pourraient accomplir leurs missions à distance avec des solutions mobiles.
Or, l’intégration de l’Industrie 4.0 devrait être légèrement plus harmonieuse qu’elle ne l’est en réalité, car les progrès technologiques des deux dernières décennies l’exigent. Mais la mise en place de nouveaux équipements et leur connexion avec le logiciel nécessaire pour une intégration transparente demeurent inaccessibles à une majorité. À cela s’ajoute le manque de standardisation et de connaissance ou de compréhension des technologies disponibles.
Des solutions logicielles Open Source peuvent représenter la meilleure solution à ce problème à court et moyen termes. En revanche, sur le long terme, les entreprises devront apporter des changements structurels nécessaires à tous les échelons de l’organisation.
3. Automatisation et convergence
L’Industrie 4.0 exige des solutions d’automatisation hautement cognitives. Mais pour des projets d’envergure tels que l’automatisation, les entreprises se tournent souvent vers un fournisseur existant avec pour résultat de se retrouver « bloquées » dans leur approche et accès à des solutions alternatives dans l’environnement d’une industrie connectée.
De la même manière, la rapidité des prises de décision n’a jamais été aussi importante. Alors que l’edge computing pourrait être une solution viable, cette technologie en est encore à ses débuts pour de nombreuses entreprises manufacturières.
Une meilleure communication entre l’informatique et les technologies de production contribuera à améliorer le dialogue entre les équipements et les systèmes. La convergence OT/IT doit s’imposer comme un axe prioritaire des entreprises industrielles qui souhaitent mener la transformation digitale de leurs sites de production.
Illusion ou nécessité ?
Le concept d’Industrie 4.0 occupe les débats depuis quelques années, mais la route semble encore longue à de nombreuses entreprises manufacturières pour réaliser pleinement leurs ambitions. A mesure que le rythme de l’innovation continuera de s’accélérer, le rêve d’usines totalement intelligentes et automatisées deviendra une nécessité. Finalement, cet impérieux besoin sera le catalyseur qui propulsera l’usine intelligente du rêve à la réalité.